Le Mercredi

Un début de texte qui n'entre dans aucune catégorie, merci de ne pas être trop sévère en le lisant

"Le mercredi est un jour comme les autres."

Le véritable drame du passage de l'enfance à l'âge adulte réside dans cette phrase. L'adolescence… On nous offre quatre ans pour nous faire à cette idée, on appelle ça le collège. Les plus malins, selon moi, ou les plus "lents", selon le conseil des professeurs, s'offrent eux-mêmes une ou deux années supplémentaires pour se faire à cette idée : au primaire, le mercredi est un jour exceptionnel, au lycée un jour comme les autres et au collège c'est un jour comme les autres, où les matières sans intérêt s'enchaînent.

J'ai quinze ans et sept mois, l'âge où on ne sait pas si on doit se présenter comme ayant "quinze ans et demi" comme pour paraître plus vieux ou "quinze ans" tout court. Là peu importe car, je viens de le dire, j'ai quinze et sept mois !

Je suis un "presque". Chacun se rappelle de sa classe : les intellos jalousés et maltraités, les "ont un avenir sans être exceptionnel" avec des notes oscillant entre 11 et 13 sans faire d'effort ou en ne dormant pas la nuit, les cancres que tout le monde remarque et dont tout le monde se rappelle en se disant "qu'il était con" et les "presque". 9/20 de moyenne, parfois 9,5, toujours encouragés par les professeurs pour passer la barre incroyable de 10. "Encore un effort et tu auras la moyenne". Je ne ferais pas cet effort, il ne m'apporterait rien. Quitte à être quelqu'un de commun, autant l'être tranquillement. Quoi de plus pitoyable que de faire des efforts, pour être dans la moyenne. On ne se rappelle toujours que des cancres qui font rire la classe, ils sont charismatiques, les professeurs parlent toujours d'eux et eux ont toujours l'impression d'avoir le meilleur avenir du monde… combien de footballeurs n'ont pas le bac ?

A l'âge adulte, la phrase d'un "presque" commence toujours par "si j'avais". Si j'avais pu finir mes études, si j'avais eu l'occasion de déménager, si j'avais été augmenté, etc. En résumé, beaucoup de regrets et toujours rejeter ses échecs, enfin ses "semi réussites", sur un fait indépendant de sa volonté. On pourrait les voir comme appartenant à une caste, certainement la plus répandue parmi les adultes que je connais. Je me demande si on peut changer de caste, je pense que oui, il faut oser et c'est sûrement le plus dur car on risque d'échouer vraiment, ne pas atteindre la caste "tout me sourit" pour tomber dans celle de "j"ai raté ma vie".